Volcano by Shûsaku Endô

Auteur:Shûsaku Endô [Endô, Shûsaku]
La langue: fra
Format: epub
Tags: littérature japonaise
Éditeur: Buchet/Chastel
Publié: 1984-02-01T23:00:00+00:00

La pire chose qui puisse arriver à un malade cardiaque est un choc psychologique. Cependant malgré toutes ces émotions, le lendemain Jinpei ne ressentit ni élancement dans la tête ni engourdissement dans les membres. Le médecin qui vint prendre sa tension se montra très satisfait.

« Si votre état se maintient, vous pourrez rentrer chez vous pour Shogatsu sans difficulté. Je vous mets toutefois en garde, ne répétez pas le genre d’effort que vous avez fait hier. »

Ces propos rassérénèrent Suda. Il était encourageant de constater que sa santé s’était suffisamment améliorée pour lui permettre de supporter l’épreuve de la veille.

Dans l’après-midi, il se rendit sans assistance jusqu’à la salle des infirmières, au bout du couloir, pour téléphoner à l’observatoire.

« Kinashita Kun ? Écoutez, pourriez-vous vérifier quelque chose pour moi, s’il vous plaît ? »

Il demanda à son ex-subordonné de consulter les rapports sismographiques des quatre derniers jours. Les vibrations d’Akadaké étaient enregistrées à l’aide d’appareils portatifs installés dans de petites cabanes à divers endroits de la montagne. Tout phénomène inhabituel se traduisait immédiatement par des zigzags agités sur le papier.

« C’est le flanc est qui m’intéresse. Y a-t-il eu des variations particulières de ce côté ? »

« Attendez… » Suda écoutait avec attention la voix intelligente du jeune Kinoshita.

« Non, on n’a rien remarqué d’exceptionnel. Le volcan est parfaitement calme – je veux dire, depuis la dernière éruption. »

Jinpei reposa le combiné avec un soupir de soulagement. Tout cela n’avait été que le produit de son imagination, en fin de compte. Akadaké était bien l’Akadaké qu’il connaissait, Akadaké ne l’avait pas trahi. Et puisqu’il en était ainsi, il devait aussi y avoir moyen d’expliquer le dessèchement des pins.

« Mais au fait, pourquoi ne serait-ce pas dû à la retombée de cendres incandescentes lors de la dernière éruption ? »

En y réfléchissant bien, il n’était pas inconcevable que le cratère, au sommet de la montagne, ait craché des matériaux brûlants qui auraient abîmé la végétation au passage. Dans son élan, Suda parvint également à s’expliquer la mort de la souris : elle avait tout simplement succombé à la vieillesse, et non à l’asphyxie.

Comme sa santé s’améliorait, le médecin l’incita à faire un peu d’exercice. Il fallait redonner des forces à ses jambes amaigries et molles. Soutenu par sa femme, il se mit à aller et venir dans le couloir, pas à pas, puis à monter et descendre les marches de l’escalier. Cela devint une routine. Chaque jour il faisait halte devant la fenêtre du couloir pour observer Akadaké. Il contemplait la mer étincelante sous le soleil hivernal, promenait son regard sur cette ville où il vivait depuis quinze ans…

Quand on le laisserait sortir de l’hôpital, il pourrait enfin s’attaquer à son Histoire des Éruptions d’Akadaké. Il y consacrerait les dernières années de sa vie… Tel était désormais son seul désir dans l’existence.

Un soir, il se retrouva côte à côte avec l’étranger devant la fenêtre du couloir. L’autre avait jeté un manteau râpé sur sa robe de chambre crasseuse. Il ne cessait

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